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Allez, votre ambroisie est chose trop commune ;
Je ne la daignerais souhaiter un moment.

Après cette gloire suprême,
Si je ne meurs de plaisir et d’amour,
Je mérite que Polyphème
À son rival ôte le jour
Aux yeux de sa maîtresse même.

GALATÉE

Berger, vous prodiguez mon bien
Votre vie est à moi. Cherchez quelque retraite
Qui de nos feux ne dise rien,
Quelque grotte sourde et muette
Galatée, Hymen, et ]’Amour
S’y rendront sur la fin du jour
Par la route la plus secrète.
Cependant je prierai le Sort
Qu’il vous accorde l’ambroisie.
Ne la méprisez plus si fort :
Elle vous ôtera la crainte de la mort,
Sans qu’il vous en coûte la vie.
J’ai découvert à mon père nos feux
Il y consent ; il veut ce que je veux.
Le voilà qui sort de son onde.
Peut-être à nos désirs a-t-il déjà pourvu,
Et déjà du Sort obtenu
Ce qu’il refuse à tout le monde.
Mais que ne fait-on point pour les filles des dieux ?
Cependant gardez-vous d’approcher ce rivage.
Allez ; et vous, Timandre, arrachez-le à ces lieux
Si vous m’aimez, s’il m’aime, arrêtez son courage.
Je vous confie Acis, conservez-moi ce gage ;
Je n’ai rien de plus précieux.