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ACTE II

Scène I

POLYPHÈME

Que vous êtes heureux, troupeaux ! vous ne songez
Qu’à satisfaire vos envies.
Si l’amour vous contraint d’oublier les prairies,
Vos feux sont bientôt soulagés ;
Et j’ai pour tout plaisir mes tristes rêveries
Vain et cruel recours des amants affligés.
Que vous êtes heureux, troupeaux ! vous ne songez
Qu’à satisfaire vos envies.

GALATÉE

J’aime la déité de ces rives fleuries :
Hélas ! à quoi mes soins se sont-ils engagés ?
J’ai beau lui tout offrir, et prés et bergeries ;
Ainsi que mes soupirs mes dons sont négligés.
Que vous êtes heureux, troupeaux ! vous ne songez
Qu’à satisfaire vos envies.

Mais n’aperçois-je pas celle pour qui je meurs ?
La voilà, l’inhumaine : autour d’elle Zéphire
Soupire ;
Son teint de lis et de roses l’attire.
Jeune et folâtre dieu, va chercher d’autres fleurs ;
Laisse en repos son sein d’albâtre ;
En vain tu fais la cour à cet objet charmant