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Hélas ! il n’est plus temps, et déjà malgré toi
J’ai flatté ce berger dans l’ardeur qui le presse.

CLYMÈNE

Vous craignez de parler, et vous êtes déesse !
Quand on est de ce rang, l’on doit encourager
Son berger.
Pour moi, je dis au mien sans cesse
Qu’il m’a touché le cœur aussi bien que les yeux.
Je n’en dirais pas tant au plus puissant des dieux.

Le silence en amour est une erreur extrême
Souffrez, mais déclarez vos maux ;
Car qui les sait mieux que vous-même ?
Que sert d’en parler aux Échos ?
Il faut les dire à ce qu’on aime.

GALATÉE ET CLYMÈNE, ensemble.

Hélas ! pourquoi soumit-on notre cœur
À ce tyran que l’on appelle honneur ?
Tous nos amants nous content leur martyre,
Et nos désirs n’oseraient s’exprimer !
Il faut nous empêcher d’aimer,
Ou nous permettre de le dire.

CHŒUR

Aimez, déclarez vos désirs,
Car qui les sait mieux que vous-même ?
Que sert d’en parler aux Zéphyrs ?
Il faut les dire à ce qu’on aime.