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LE COLLECTIVISME

Si d’une part nous voyons ainsi se constituer une véritable féodalité capitaliste, capable de mettre obstacle à toute concurrence et de soumettre à son autorité tous ceux qui, ingénieurs, inventeurs, agents ou manouvriers, se risquent à pénétrer dans sa sphère d’influence, il est d’autre part un phénomène non moins suggestif, c’est l’extension et la multiplication des sociétés coopératives.

Les grands industriels et les grands producteurs ont limité leur activité à des domaines où le nombre des usines et des exploitations était relativement restreint. Les sociétés coopératives au contraire ont eu pour effet d’enlever leurs clients aux petits établissements et aux minimes boutiques.

La boulangerie d’abord, la pharmacie, l’épicerie, l’aunage, la boucherie ont successivement vu surgir en face d’eux des Maisons du peuple de plus en plus grandioses et de plus en plus achalandées. Et cette œuvre, toute d’économie et d’épargne à ses débuts, est devenue la grande éducatrice des foules frustes et ignorantes. Elle leur a révélé la force de l’association, elle les a rendu conscientes de leur capacité de gérer de larges entreprises, elle les a surtout habituées à la solidarité, à cette discipline volontaire qui est à la discipline des armées et des administrations ce que l’amour est à la servitude.

Le phénomène qui marque le mieux la tendance