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LE COLLECTIVISME

Il suffit de signaler l’existence de grands magasins, qui ont arraché leur clientèle aux magasins modestes et patriarcaux ; il suffit de signaler les linières, fatales aux tisserands à domicile ; il suffit de signaler les énormes distilleries, enrichies au détriment des bouilleurs de cru.

Mais ce n’est encore là que de la concentration locale en quelque sorte. Il est des concentrations nationales et mondiales, bien autrement puissantes et exemplatives. Elles prouvent d’une manière péremptoire que ce désir instinctif des masses ouvrières d’aboutir à l’organisation internationale du travail, n’est pas une vaine et mensongère utopie.

Parmi les concentrations nationales, il faut citer le trust du papier en Belgique, qui a englobé en une seule coalition tous les fabricants du pays ; il faut citer aussi le trust des charbonniers en Westphalie, qui est parvenu à limiter la production au grand détriment du public qui paie la houille à un prix plus élevé, et au grand dommage du prolétariat qui se trouve privé d’une partie de ses moyens de subsistance ; il faut citer encore l’industrie électrique qui n’est plus représentée dans l’Amérique du Nord que par deux gigantesques compagnies dont la fusion est prévue et prochaine.

Quant aux industries qui ont l’humanité entière pour tributaire et pour clientèle, il en est deux qui sont suffisamment connues pour que nous que nous puissions nous contenter de les nommer : celle de la soude et celle du pétrole.