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LE COLLECTIVISME

indirects, il serait sans doute possible de les supprimer graduellement, il serait possible encore de rendre successivement gratuits tous les services publics. Il en résulterait un enrichissement considérable des classes populaires, dont le salaire se trouverait libéré de charges énormes et acquerrait ainsi une force d’achat de plus en plus considérable.

Quant à l’expropriation pour cause d’utilité publique, elle aurait lieu selon les formes usitées, moyennant une juste et préalable indemnité. Il n’y aurait lieu que de délibérer sur ce qu’il faut entendre par une juste indemnité. Certes, les possesseurs actuels des charbonnages, des linières, des tissages ont, à ce point de vue, de bien étranges prétentions. Ils s’imaginent volontiers que la plus-value de leurs actions, provenant de l’état du marché, de spéculations de bourse, de mesures douanières plus ou moins prohibitives, de tarifs de transport dérisoirement abaissés, de trusts ou de cartels, est une plus-value légitime et respectable, dont il y aura lieu de tenir compte et qu’il faudra évaluer.

Il ne peut évidemment s’agir d’une pareille indemnité : les circonstances invoquées sont de leur nature aléatoires, passagères et factices. Il suffira de quelques mesures préliminaires pour en démontrer l’inanité. Il suffira d’interdire les coalitions capitalistes, d’ouvrir les frontières, d’unifier les tarifs, pour que toute la plus-value invoquée s’évanouisse et s’évapore.

L’indemnité doit correspondre à la valeur