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LE COLLECTIVISME

pôt largement progressif sur les successions, la création de vastes usines ou de vastes comptoirs par la collectivité.

C’est évidemment le dernier mode préconisé dont la réalisation offrirait le plus de difficultés et qu’il ne faudrait appliquer que si les intéressés parvenaient, par une coalition étroite, à rendre onéreuse toute tentative d’expropriation directe, par l’obligation imposée par eux à la collectivité de racheter en bloc tous les établissements.

Un impôt progressif sur les successions, par le fait qu’il n’atteint les fortunes qu’après le décès de leurs propriétaires, est certes le mode le plus simple et le plus aisé de rendre collective la propriété privée.

Mais pour qu’un tel impôt soit efficace, il faut que la collectivité ne fasse pas rentrer dans la circulation, les biens meubles ou immeubles dont elle se trouverait nantie. Il faut qu’elle les accumule et les conserve, et ne consacre, aux dépenses publiques, que les seuls revenus des biens ainsi acquis par elle.

Ce n’est que de cette manière que tout ce qui constitue actuellement les fortunes individuelles peut devenir, dans un délai relativement court, la fortune collective de tous les citoyens. Il est apparent que les revenus, qui sont attribués de nos jours aux quelques détenteurs privilégiés des biens meubles et immeubles, créances et terres, se transformeraient en revenus publics ; il serait possible dès lors de diminuer les impôts directs et