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LE COLLECTIVISME

C’est l’humanité qui veut rentrer en possession de son domaine : cela est juste, cela est légitime, cela sera. Contre le droit absolu, il n’est point de prescription. Ce droit sera édicté et imposé révolutionnairement, parce qu’il est le droit.

Il dépend de ceux qui détiennent et qui possèdent qu’il n’en soit pas ainsi et qu’une évolution calme évite aux peuples les terreurs et les horreurs d’une révolution.

Comment imaginer une évolution qui puisse à la fois se réaliser paisible et se réaliser rapide ? Car de tels appétits sont nés qu’il faudra les satisfaire avec une activité fiévreuse.

Le principe évolutif est évidemment l’expropriation, l’expropriation directe ou indirecte. Ce double mode d’expropriation opère sous vos yeux. Il importe simplement d’en accélérer la marche, comme le savant dans son laboratoire précipite en quelques instants telle réaction chimique accomplie par les agents naturels avec des lenteurs séculaires.

L’expropriation indirecte est celle que les coopératives et les institutions locales, comme des pharmacies communales, des boucheries et des épiceries régionales, réalisent au détriment des petits négociants et des petits détaillants. Ces derniers se trouvent acculés à la nécessité d’échanger leur situation contre des fonctions moins lucratives sans doute, mais mieux garanties et plus certaines.

Les organismes ainsi créés ne diminuent du reste pas, en fait, la position sociale de ceux