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LE COLLECTIVISME

qu’elle détenait, lorsque l’esclavage fut aboli dans les diverses contrées américaines.

Il y eut des protestations, des luttes sanglantes, des massacres, des guerres, mais l’œuvre accomplie fut maintenue, car la minorité, était trop infime pour pouvoir se rebiffer utilement et victorieusement.

Et ce fait a prouvé que les révolutionnaires avaient obéi à la vraie loi du progrès et que leur acte de force était un acte de justice.

À l’heure actuelle, une minorité plus infime et plus faible que ne le furent les nobilions de jadis et les esclavagistes de hier, semble vouloir s’opposer aux transformations inévitables et fatales. Elle aussi songe à opposer aux masses ouvrières et populaires des refus catégoriques et secs, elle dénie le pouvoir éminent que la société revendique sur les produits entassés par les générations mortes.

Ce pouvoir éminent, des rois et des princes l’ont exercé et l’ont détenu, jusqu’au jour où des oligarchies, plus nombreuses qu’eux, s’en sont emparées à leur tour. Elles aussi l’ont détenu et l’ont exercé, malgré les menaces, jusqu’à l’heure où des trafiquants et des industriels plus nombreux qu’eux, les ont destituées et exilées sans merci.

Cette fois, c’est la masse grouillante et pullulante des manouvriers et des valets qui réclame et qui exige, combien plus nombreuse que ceux qui espèrent, en leur morgue, la vaincre et la repousser.