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LE COLLECTIVISME

rents à redouter, et de diminuer ainsi la force d’achat des salaires, ce qui assure par surcroît une rentrée plus rapide dans leurs caisses des sommes qui en étaient sorties.

Quant à la concentration coopérative, elle augmente, au rebours de la concentration capitaliste, la force d’achat des salaires. Il est vrai que les gérants et les administrateurs des entreprises privées profitent souvent de cette circonstance pour offrir à leurs ouvriers un salaire réduit, les travailleurs, en effet, pouvant avec un tel salaire satisfaire leurs besoins comme ils les satisfaisaient auparavant avec un salaire supérieur.

Seulement les miséreux, qui ont pu se nourrir mieux pendant quelques jours, qui ont accumulé du superflu et entrevu la possibilité de vivre une vie plus aisée, ne renoncent plus à cet espoir et à ce désir. L’obligation où ils se sont trouvés de se grouper, de se réunir, de délibérer, la conscience qu’ils ont acquise de leurs facultés administratives, la certitude dont ils sont imbus désormais qu’ils sont aussi capables que leurs patrons de gérer de vastes entreprises avec ordre, avec économie, avec discipline, les a transformés, les a convaincus, les a enthousiasmés.

Ils ont compris que la concentration publique, sous la forme d’une concentration coopérative, assurera à la collectivité des travailleurs tous les avantages et tous les bénéfices de la concentration capitaliste.

Tout le collectivisme est en germe dans cette simple idée.