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Rendoient ces talens mal placez :
Il fuïoit les citez, il ne cherchoit que l’ombre,
Vivoit parmi les bois concitoïen des ours,
Et paſſoit ſans aimer les plus beaux de ſes jours.
Nous avons condamné l’amour, m’allez-vous dire ;
J’en blâme en nous l’excés ; mais je n’approuve pas
Qu’inſenſible aux plus doux appas
Jamais un homme ne ſoûpire.
He quoi, ce long repos eſt-il d’un ſi grand prix ?
Les morts ſont donc heureux ; ce n’eſt pas mon avis.
Je veux des paſſions ; & ſi l’état le pire
Eſt le neant, je ne ſçai point
De neant plus complet qu’un cœur froid à ce poinct.