Page:La Fontaine - Fables choisies, Barbin 1694, tome 5.djvu/186

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Je vous aime Thiſbé, moins pour moi que pour vous.
J’en pourrois dire autant, lui repartit l’Amante ;
Vôtre amour étant pure, encor que vehemente,
Je vous ſuivrai par tout ; nôtre commun repos
Me doit mettre au-deſſus de tous les vains propos ;
Tant que de ma vertu je ſerai ſatisfaite,
Je rirai des diſcours d’une langue indiſcrete,
Et m’abandonnerai ſans crainte à vôtre ardeur,
Contente que je ſuis des ſoins de ma pudeur.
Jugez ce que ſentit Pirame à ces paroles ;
Je n’en fais point ici de peintures frivoles.