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Voilà donc nôtre Veuve écoutant la loüange,
Poiſon qui de l’amour eſt le premier degré ;
La voilà qui trouve à ſon gré
Celui qui le lui donne ; il fait tant qu’elle mange,
Il fait tant que de plaire, & ſe rend en effet
Plus digne d’être aimé que le mort le mieux fait.
Il fait tant enfin qu’elle change ;
Et toûjours par degrez, comme l’on peut penſer :
De l’un à l’autre il foit cette femme paſſer ;
Je ne le trouve pas etrange :
Elle écoute un Amant, elle en fait un Mari ;
Le tout au nez du mort qu’elle avoit tant cheri.