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LIVRE II, FABLE XII

Elle se sauve. Et là-dessus
Passe un certain croquant qui marchait les pieds nus ;
Ce croquant, par hasard, avait une arbalète.
Dès qu’il voit l’oiseau de Vénus,
Il le croit en son pot, et déjà lui fait fête.
Tandis qu’à le tuer mon villageois s’apprête,
La fourmi le pique au talon.
Le vilain retourne la tête :
La colombe l’entend, part et tire de long.
Le souper du croquant avec elle s’envole :
Point de pigeon pour une obole.

XII

L’ASTROLOGUE QUI SE LAISSE TOMBER DANS UN PUITS

Un astrologue un jour se laissa choir
Au fond d’un puits. On lui dit : Pauvre bête,
Tandis qu’à peine à tes pieds tu peux voir,
Penses-tu lire au-dessus de ta tête ?

Cette aventure en soi, sans aller plus avant,
Peut servir de leçon à la plupart des hommes.
Parmi ce que de gens sur la terre nous sommes,
Il en est peu qui fort souvent
Ne se plaisent d’entendre dire
Qu’au livre du destin les mortels peuvent lire.
Mais ce livre, qu’Homère et les siens ont chanté,
Qu’est-ce, que le Hasard parmi l’antiquité,
Et parmi nous la Providence ?
Or, du hasard il n’est point de science :