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Va partout l’annoncer, et rencontre en chemin
L’embuscade d’une araignée ;
Il y rencontre aussi sa fin.

Quelle chose par là nous peut être enseignée ?
J’en vois deux, dont l’une est qu’entre nos ennemis
Les plus à craindre sont souvent les plus petits ;
L’autre qu’aux grands périls tel a pu se soustraire,
Qui périt pour la moindre affaire.

X

L’ÂNE CHARGÉ D’ÉPONGES, ET L’ÂNE CHARGÉ DE SEL

Un ânier, son sceptre à la main,
Menait, en empereur romain,
Deux coursiers à longues oreilles.
L’un, d’épongés chargé, marchait comme un courrier ;
Et l’autre, se faisant prier,
Portait, comme on dit, les bouteilles[1] :
Sa charge était de sel. Nos gaillards pèlerins,
Par monts, par vaux, et par chemins,
Au gué d’une rivière à la fin arrivèrent,
Et fort empêchés se trouvèrent.
L’ânier, qui tous les jours traversait ce gué-là,
Sur l’âne à l’éponge monta,
Chassant devant lui l’autre bête,
Qui, voulant en faire à sa tête,
Dans un trou se précipita,
Revint sur l’eau puis échappa :
Car au bout de quelques nagées,
Tout son sel se fondit si bien

  1. Marchait lentement.