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Il trouva son sujet plein de récits tout nus.
Les parents de l’athlète étaient gens inconnus ;
Son père, un bon bourgeois ; lui, sans autre mérite :
Matière infertile et petite.
Le poëte d’abord parla de son héros.
Après en avoir dit ce qu’il en pouvait dire,
Il se jette à côté, se met sur le propos
De Castor et Pollux ; ne manque pas d’écrire
Que leur exemple était aux lutteurs glorieux,
Élève leurs combats, spécifiant les lieux
Où ces frères s’étaient signalés davantage :
Enfin l’éloge de ces dieux
Faisait les deux tiers de l’ouvrage.
L’athlète avait promis d’en payer un talent :
Mais, quand il le vit, le galant
N’en donna que le tiers, et dit fort franchement
Que Castor et Pollux acquittassent le reste.
Faites-vous contenter par ce couple céleste.
Je vous veux traiter cependant :
Venez souper chez moi ; nous ferons bonne vie :
Les conviés sont gens choisis,
Mes parents, mes meilleurs amis ;
Soyez donc de la compagnie.
Simonide promit. Peut-être qu’il eut peur
De perdre, outre son dû, le gré de sa louange.
Il vient : l’on festine, l’on mange.
Chacun étant en belle humeur,
Un domestique accourt l’avertir qu’à la porte
Deux hommes demandaient à le voir promptement.
Il sort de table ; et la cohorte
N’en perd pas un seul coup de dent.
Ces deux hommes étaient les gémeaux de l’éloge,