Ne vous êtes-vous pas l’un à l’autre des loups ?
Tout bien considéré, je te soutiens en somme
Que, scélérat pour scélérat,
Il vaut mieux être un loup qu’un homme :
Je ne veux point changer d’état.
Ulysse fit à tous une même semonce[1] :
Chacun d’eux fit même réponse,
Autant le grand que le petit.
La liberté, les bois, suivre leur appétit,
C’était leurs délices suprêmes :
Tous renonçaient au los[2] des belles actions.
Ils croyaient s’affranchir suivant leurs passions :
Ils étaient esclaves d’eux-mêmes.
Prince, j’aurais voulu vous choisir un sujet
Où je pusse mêler le plaisant à l’utile ;
C’était sans doute un beau projet,
Si ce choix eût été facile.
Les compagnons d’Ulysse enfin se sont offerts :
Ils ont force pareils en ce bas univers,
Gens à qui j’impose pour peine
Votre censure et votre haine.
II
LE CHAT ET LES DEUX MOINEAUX
Un chat, contemporain d’un fort jeune moineau,
Fut logé près de lui dès l’âge du berceau :
La cage et le panier avaient mêmes pénates.
Le chat était souvent agacé par l’oiseau :