Page:La Fontaine - Fables, Bernardin-Bechet, 1874.djvu/405

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

LIVRE DOUZIÈME


À MONSEIGNEUR
LE DUC DE BOURGOGNE[1]
Monseigneur,

Je ne puis employer, pour mes fables, de protection qui me soit plus glorieuse que la vôtre. Ce goût exquis et ce jugement si solide que vous faites paraître dans toutes choses au delà d’un âge où à peine les autres princes sont-ils touchés de ce qui les environne avec le plus d’éclat ; tout cela, joint au devoir de vous obéir et à la passion de vous plaire, m’a obligé de vous présenter un ouvrage dont l’original a été l’admiration de tous les siècles aussi bien que celle de tous les sages. Vous m’avez ordonné de continuer ; et, si vous me permettez de le dire, il y a des sujets dont je vous suis redevable, et où vous avez jeté des grâces qui ont été admirées de tout le monde. Nous n’avons plus besoin de consulter ni Apollon ni les Muses, ni aucune des divinités du Parnasse : elles se rencontrent toutes dans les présents que vous

  1. Louis, duc de Bourgogne, petit-fils de Louis XIV, naquit à Versailles le 6 août 1682, et mourut le 18 février 1712.