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Et que, pour en venir aux exemples divers
Que j’ai mis en jour dans ces vers,
L’animal n’a besoin que d’elle.
L’objet, lorsqu’il revient, va dans son magasin
Chercher, par le même chemin,
L’image auparavant tracée,
Qui sur les mêmes pas revient pareillement,
Sans le secours de la pensée,
Causer un même événement.
Nous agissons tout autrement :
La volonté nous détermine,
Non l’objet, ni l’instinct. Je parle, je chemine :
Je sens en moi certain agent ;
Tout obéit dans ma machine
À ce principe intelligent.
Il est distinct du corps, se conçoit nettement,
Se conçoit mieux que le corps même :
De tous nos mouvements c’est l’arbitre suprême.
Mais comment le corps l’entend-il ?
C’est là le point. Je vois l’outil
Obéir à la main : mais la main, qui la guide ?
Eh ! qui guide les cieux et leur course rapide ?
Quelque ange est attaché peut-être à ces grands corps.
Un esprit vit en nous, et meut tous nos ressorts ;
L’impression se fait : le moyen, je l’ignore ;
On ne l’apprend qu’au sein de la Divinité ;
Et, s’il faut en parler avec sincérité,
Descartes l’ignorait encore.
Nous et lui là-dessus nous sommes tous égaux :
Ce que je sais, Iris, c’est qu’en ces animaux
Dont je viens de citer l’exemple,
Cet esprit n’agit pas : l’homme seul est son temple.
Aussi faut-il donner à l’animal un point