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LIVRE DIXIÈME


I

LES DEUX RATS, LE RENARD ET L’ŒUF

DISCOURS À MADAME DE LA SABLIÈRE

Iris, je vous louerais ; il n’est que trop aisé :
Mais vous avez cent fois notre encens refusé ;
En cela peu semblable au reste des mortelles,
Qui veulent tous les jours des louanges nouvelles.
Pas une ne s’endort à ce bruit si flatteur.
Je ne les blâme point ; je souffre cette humeur :
Elle est commune aux dieux, aux monarques, aux belles.
Ce breuvage vanté par le peuple rimeur,
Le nectar que l’on sert au maître du tonnerre,
Et dont nous enivrons tous les dieux de la terre,
C’est la louange, Iris. Vous ne la goûtez point :
D’autres propos chez vous récompensent ce point :
Propos, agréables commerces,
Où le hasard fournit cent matières diverses ;
Jusque-là qu’en votre entretien
La bagatelle a part : le monde n’en croit rien.
Laissons la monde et sa croyance.
La bagatelle, la science,