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considérable. Si on veut avoir quelque plaisir de la lecture de cet ouvrage, il faut que chacun fasse corriger ces fautes à la main dans son exemplaire, ainsi qu’elles sont marquées par chaque errata, aussi bien pour les deux premières parties que pour les dernières.


À MADAME DE MONTESPAN[1]

L’apologue est un don qui vient des immortels ;
Ou, si c’est un présent des hommes,
Quiconque nous l’a fait mérite des autels :
Nous devons tous, tant que nous sommes,
Ériger en divinité
Le sage par qui fut ce bel art inventé.
C’est proprement un charme : il rend l’âme attentive,
Ou plutôt il la tient captive,
Nous attachant à des récits
Qui mènent à son gré les cœurs et les esprits.
Ô vous qui l’imitez, Olympe, si ma muse
A quelquefois pris place à la table des dieux,
Sur ces dons aujourd’hui daignez porter les yeux ;
Favorisez les jeux où mon esprit s’amuse !
Le Temps, qui détruit tout, respectant votre appui,
Me laissera franchir les ans dans cet ouvrage :
Tout auteur qui voudra vivre encore après lui
Doit s’acquérir votre suffrage.
C’est de vous que mes vers attendent tout leur prix :
Il n’est beauté dans nos écrits
Dont vous ne connaissiez jusques aux moindres traces.
Eh ! qui connaît que vous les beautés et les grâces !
Paroles et regards, tout est charmes dans vous.

  1. Françoise-Athénaïs de Rochechouart de Mortemart, marquise de Montespan, née en 1641, morte le 28 mai 1707.