Page:La Fontaine - Fables, Bernardin-Bechet, 1874.djvu/214

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Contre la griffe tout autant.
L’édit du prince s’exécute :
De chaque espèce on lui députe.
Les renards gardant la maison,
Un d’eux en dit cette raison :
Les pas empreints sur la poussière
Par ceux qui s’en vont faire au malade leur cour,
Tous, sans exception, regardent sa tanière ;
Pas un ne marque de retour :
Cela nous met en méfiance.
Que sa majesté nous dispense :
Grand merci de son passe-port.
Je le crois bon : mais dans cet antre
Je vois fort bien comme l’on entre,
Et ne vois pas comme on en sort.


XV

L’OISELEUR, L’AUTOUR ET L’ALOUETTE

Les injustices des pervers
Servent souvent d’excuse aux nôtres.
Telle est la loi de l’univers :
Si tu veux qu’on t’épargne, épargne aussi les autres.

Un manant au miroir prenait des oisillons.
Le fantôme brillant attire une alouette :
Aussitôt un autour, planant sur les sillons,
Descend des airs, fond et se jette
Sur celle qui chantait, quoique près du tombeau.
Elle avait évité la perfide machine,
Lorsque, se rencontrant, sous la main de l’oiseau,
Elle sent son ongle maline[1].

  1. Ongle dans les divers patois de l’est de la France est féminin. Maline pour Maligne est ici une licence poétique.