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Qu’il fut élu : chacun lui fit hommage.
Le renard seul regretta[1] son suffrage,
Sans toutefois montrer son sentiment.
Quand il eut fait son petit compliment,
Il dit au roi : Je sais, sire, une cache,
Et ne crois pas qu’autre que moi la sache.
Or tout trésor, par droit de royauté,
Appartient, sire, à votre majesté.
Le nouveau roi bâille après la finance[2] ;
Lui-même y court pour n’être pas trompé.
C’était un piège : il y fut attrapé.
Le renard dit, au nom de l’assistance :
Prétendrais-tu nous gouverner encor,
Ne sachant pas te conduire toi-même ?
Il fut démis ; et l’on tomba d’accord
Qu’à peu de gens convient le diadème.


VII

LE MULET SE VANTANT DE SA GÉNÉALOGIE

Le mulet d’un prélat se piquait de noblesse,
Et ne parlait incessamment
Que de sa mère la jument,
Dont il contait mainte prouesse.
Elle avait fait ceci, puis avait été là.
Son fils prétendait pour cela
Qu’on le dût mettre dans l’histoire.
Il eût cru s’abaisser servant un médecin.
Étant devenu vieux, on le mit au moulin :
Son père l’âne alors lui revint en mémoire.

  1. Donna à regret.
  2. Aspire après l’argent.