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« Biaux chires leups, n’écoutez mie
« Mère tenchent chen fieux qui crie[1]. »


XVII

PAROLE DE SOCRATE

Socrate un jour faisant bâtir,
Chacun censurait son ouvrage :
L’un trouvait les dedans, pour ne lui point mentir,
Indignes d’un tel personnage ;
L’autre blâmait la face, et tous étaient d’avis
Que les appartements en étaient trop petits.
Quelle maison pour lui ! l’on y tournait à peine.
Plût au ciel que de vrais amis,
Telle qu’elle est, dit-il, elle pût être pleine !

Le bon Socrate avait raison
De trouver pour ceux-là trop grande sa maison.
Chacun se dit ami ; mais fou qui s’y repose :
Rien n’est plus commun que ce nom,
Rien n’est plus rare que la chose.


XVIII

LE VIEILLARD ET SES ENFANTS

Toute puissance est faible, à moins que d’être unie :
Écoutez là-dessus l’esclave de Phrygie,
Si j’ajoute du mien à son invention,
C’est pour peindre nos mœurs, et non point par envie ;
Je suis trop au-dessous de cette ambition.
Phèdre enchérit souvent par un motif de gloire ;
Pour moi, de tels pensers me seraient mal séants.

  1. « Beaux sires loups, n’écoutez pas mère tançant son fils qui crie. »