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Falloit-il que votre œuvre imparfait fût laissé ?
Ne le deviez-vous pas rapporter de Toulouse ?
À quoi songeoit l’amour qui l’avoit commencé,
Et sont-ce là des traits de véritable épouse ?

Ne quittant qu’avec peine un mari, par trop cher,
Et le voyant partir pour un si long voyage,
Vous le voulûtes suivre, il ne put l’empêcher ;
De vos chastes amours vous lui deûtes ce gage.

Dites-nous s’il devoit être fille ou garçon,
Et si c’est d’un Amour, ou si c’est d’une Grace
Que vous avez perdu l’étoffe et la façon,
À quelque autre poupon laissant libre la place ?

Pour tous les fruits d’hymen qui sont sur le métier,
Carrosses en relais sont méchante voiture.
Votre poupon, au moins, devoit avoir quartier ;
Il étoit digne, hélas ! de plus douce aventure.

Vous l’auriez achevé sans qu’il y manquât rien,
De Graces et d’Amours étant bonne ouvrière.
Dieu ne l’a pas voulu peut-être pour un bien,
Aux dépens de nos cœurs il eût vu la lumière.

Olympe, assurément vous auriez mis au jour
Quelque subject charmant, et peut-être insensible.
Votre sexe ou le nôtre en seroit mort d’amour,
Mais nous ne gagnons rien ; c’est un sort infaillible.

    reuil, seconde femme de Fouquet, a été publiée pour la première fois en 1811, à la suite de l’Histoire de la vie et des ouvrages de La Fontaine, par Mathieu Marais (in-12, page 123), par Chardon de la Rochette. Il dit en parlant de cette pièce, et de celles qui portent dans notre recueil les nos XIV et XXII : « Les feuilles volantes qui les contiennent et qui, par un hazard heureux, sont tombées entre mes mains, sont précisément celles que Pellisson envoyoit à Fouquet ; elles sont apostillées de sa main et écrites par un excellent calligraphe. »