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Faisons en l’honneur de son nom
Retentir l’air par nos cantiques.
O.?e ses bienfaits soient ?taiez ;
Peuples voislns et reculez,
Jusqu’aux voûtes du ciel portez-en les nouvelles :
Dites qu’il est un Dieu qui répond à mes vœux ;
Et que m’ayant comblé de graces immortelles
Il en reserve encor pour mes derniers neveux.


XLIII.


LE DIFFERENT
De beaux yeux et de belle bouche[1].

 
Belle bouche et beaux yeux plaidoient pour les honneurs
______Devant le juge d’Amatonte.
Belle bouche disoit : Je m’en rapporte aux cœurs ;
______Et leur demande s’ils font conte
______De beaux yeux ainsi que de moy.
______Qu’on examine nostre employ,
______Nos traits, nos beautez, et nos charmes.
Que dis-je nostre employ ! j’ai bien plus d’un mestier :
Mais j’ignore celuy de repandre des larmes.
De bon cœur je le laisse à beaux yeux tout entier.
Je satisfais trois sens ; eux seulement la veuë.
______Ma gloire est bien d’autre estendue ;
L’oüye et l’odorat ont part à mes plaisirs.
Outre qu’aux doux propos je joins les chansonnettes,
______Belle bouche fait des soûpirs

  1. Publié dans les Contes, troisiesme partie, p. 112. L’achevé d’imprimer est du 27 janvier 1671.