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Ce mesme jour pour le certain
Amour se fit Benedictin ;
Et sans trop faire la mutine
Venus se fit Benedictine ;
Les Ris ne bougeans d’avec vous
Benedictins se firent tous,
Et les Graces qui vous suivirent
Benedictines se rendirent :
Tous les Dieux qu’en Cypre on connoît,
Prirent l’habit de saint Benoît.

Vous vêtir d’or, ce seroit grand dommage ;
Puisqu’en habits sans coûts, et sans façon
De triompher vôtre beauté fait rage,
Si qu’à la Cour elle en feroit leçon :
Pardonnez-moy si j’ay quelque soupçon,
Que cet habit dont vous estes vêtuë,
En vous voilant soit receleur d’appas ;
N’en est-il point dont il puisse à ma veuë
Se confier ? je ne le dirois pas.


II.

POUR
MADAME DE SEVIGNÉ.

Dixain envoyé à M. F. sur le sujet de la Lettre précédente[1].


De Sevigné, depuis deux jours en-çà,
Ma Lettre tient les trois parts de sa gloire :
Elle luy plût, et cela se passa

  1. Voyez ci-dessus, page 3, note 1.