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XXXII.

BALLADE

Sur Escobar[1]


C’est à bon droit que l’on condamne à Rome
L’Évêque d’Ypre[2], auteur de vains[3] débats ;
Ses sectateurs nous défendent en somme
Tous les plaisirs que l’on goûte ici-bas.
En paradis allant au petit pas,
On y parvient, quoi qu’Arnaud nous en die :
La volupté sans cause il a bannie.
Veut-on monter sur les célestes tours,
Chemin pierreux est grande rêverie,
Escobar sait[4] un chemin de velours.

  1. Mathieu Marais place cette pièce sous l’année 1664. Dans la première édition du Dictionnaire françois de Richelet, publiée en 1680, on lit à l’article velours : « Ce mot se dit quelquefois en riant au figuré. Exemple :

    Veut-on monter sur les célestes tours
    Escobar fait un chemin de velours.

    (La Fontaine, balade.)

    C’est à dire qu’Escobar fait un chemin aisé, doux et facile pour gagner le Ciel. »

    C’est probablement d’après une copie manuscrite que Richelet citait cette ballade. Le texte que nous donnons d’après Walckenaër est celui d’une copie tirée des manuscrits de Tallemant des Réaux. Barbier en a trouvé une autre dans les papiers d’Adry et l’a publiée dans le 4e volume du Dictionnaire des Anonymes, page 48, no  22611.

  2. Jansénius.
  3. Maints (Adry).
  4. Fait, ici et partout où ce vers est répété (Richelet et Adry).