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D’où l’on n’ose vous l’aller dire,
Si l’on n’a patente du Sire,
Qui fit attraper Girardin,
Lequel alloit voir son jardin,
Puis le mit à grosse finance :
Les Rocroix gens sans conscience
Me prendroient aussi bien que luy,
Vous allant conter mon ennuy.
J’aurois beau dire à voix soûmise :
Messieurs, cherchez meilleure prise ;
Phœbus n’a point de nourriçon
Qui soit homme à haute rançon ;
Je suis un homme de Champagne,
Qui n’en veux point au Roy d’Espagne ;
Cupidon seul me fait marcher.
Enfin, j’aurois beau les prêcher ;
Montal ne se souciroit guere
De Cupidon ny de sa mere
Pour cet homme en fer tout confit
Passe-port d’Amour ne suffit.
En attendant que Mars m’en donne un, et le sine ;
Mars ou Condé, car c’est tout un,
Comme tout un vous et Cyprine,
Je ne bouge, et j’ay bien la mine
De ne vous pas estre importun.
Vôtre séjour sent un peu trop la poudre ;
Non la poudre à testes friser,
Mais la poudre à testes briser ;
Ce que je crains comme la foudre ;

    minée par les événements dont il est question. Montal, qui commandait dans Rocroy pour l’Espagne, ne cessa de ravager la Champagne qu’après l’avantage que remporta le comte de Grandpré en août 1657. On ne sait pas au juste à quelle époque Girardin fut arrêté, en se rendant de Paris à Bagnolet, et transporté à Bruxelles ; mais Mathieu Marais nous apprend que Barbezière, auteur de cet enlèvement, fut décapité le 4 octobre 1657.