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Bussy Rabutin dit au Père Bouhours le 26 février 1675 : « Je uiens de receuoir uotre lettre du 6e de ce mois, Mon Reuerend Pere, auec celle de la Fontaine a madame de Tianges, cette lettre est comme tout ce qu’il fait, d’un caractere aisé et naturel, cependant j’ayme mieux ses Contes[1]. » On voit que l’épitre à Mme de Tiange était déjà écrite ; mais elle devait avoir été composée fort récemment, puisque les gens le plus au courant des nouvelles littéraires se la communiquaient comme une nouveauté.

Au moment où je recueillais tardivement ce curieux témoignage négligé par les biographes et les éditeurs de La Fontaine, M. Édouard Fournier en découvrait un autre qui le précisait en le complétant. Il trouvait à l’Arsenal, dans les manuscrits de Trallage, une copie de la satire du Florentin, datée d’octobre 1674[2]. Il résulte de tout ceci qu’il faut reculer jusqu’à 1674 la date de l’opéra de Daphné, considéré jusqu’ici comme étant de 1679 ; que, par conséquent, la pièce de Quinault, préférée à Daphné, n’est pas Proserpine, mais Alceste représenté en avril 1674 ; qu’on doit placer la satire du Florentin au mois d’octobre de la même année 1674 ; enfin que La Fontaine, dont la colère fut longue à apaiser, n’écrivit que dans les premiers mois de l’année suivante sa lettre à Madame de Thiange.

  1. Cette lettre est la 805e de l’excellente édition de M. L. Lalanne Nous en avons vérifié le texte sur le ms. 24, 422 du fonds français de la Bibliothèque nationale.
  2. Vie de La Fontaine, p. xxxv, note 2. En tête d’une édition de ses Œuvres qui a paru à la fin de l’année dernière.