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personnages, et ne manque jamais de leur suggerer ce qu’ils ont à faire et à dire. Je n’aurois jamais fait d’examiner toutes les beautez de l’Eunuque ; les moins clairvoyans s’en sont apperceus aussi bien que moy ; chacun sçait que l’ancienne Rome faisoit souvent ses delices de cet Ouvrage, qu’il recevoit les applaudissemens des honnestes gens et du peuple, et qu’il passoit alors pour une des plus belles productions de cette Venus Afriquaine, dont tous les gens d’esprit sont amoureux. Aussi Terrence s’est-il servy des modeles les plus parfaits que la Grece ait jamais formez : il avouë estre redevable à Ménandre de son sujet, et des caracteres du Parasite et du fanfaron. Je ne le dis point pour rendre cette Comedie plus recommandable ; au contraire, je n’oserois nommer deux si grands Personnages sans crainte de passer pour profane et pour temeraire d’avoir osé travailler apres eux et manier indiscrettement ce qui a passé par leurs mains. À la verité, c’est une faute que j’ay commencée, mais quelques uns de mes amis me l’ont fait achever : sans eux elle auroit esté secrette, et le public n’en auroit rien sceu. Je ne pretens pas non plus empescher la censure de mon Ouvrage, ny que ces noms illustres de Terence et de Menandre luy tiennent lieu d’un assez puissant bouclier contre toutes sortes d’atteintes. Nous vivons dans un siecle et dans un païs où l’authorité n’est point respectée : d’ailleurs l’Estat des belles lettres est entierement populaire, chacun y a droit de suffrage, et le moindre particulier n’y reconnoist pas de plus souverain juge que soy. Je n’ay donc fait cet Advertissement que par une espece de reconnoissance ; Terence m’a fourny le sujet, les principaux ornemens et les plus beaux traits de cette Comedie : pour les vers et pour la conduite, on y trouveroit beaucoup plus de défauts, sans les corrections de quelques personnes dont le merite est universellement honoré. Je tairay leurs noms par