Je ne vous fuis que pour le suivre ;
À ce devoir il me faut recourir
Si je vous ai promis de vivre,
Aux mânes d'un amant j'ai promis de mourir.
C'est trop tarder, ombre chérie
Viens voir mon crime s'expier
Aide mon cœur à défier
Ces animaux pleins de furie.
Mais d'où vient que je perds l'usage de mes sens ?
La mort sur mes yeux languissants
Étend un voile plein de charmes.
Avec quelle douceur je termine mes jours !
Quel plaisir de céder à de telles alarmes,
Pour se rejoindre à ses amours !
Scène II
Sous ces ombrages verts je viens de voir Astrée
Bois, dont elle parcourt les détours ténébreux,
Ne me la cachez pas sous votre ombre sacrée.
Ô dieux ! Je l'aperçois aux pieds d'un monstre affreux !
Des puissances d'Enfer ministre malheureux,
Par quel droit nous l'as-tu ravie ?
Inhumain, devais-tu seulement l'approcher ?
Ce dard punira ta furie !
Tous mes efforts sont vains, et je frappe un rocher.
Meurs, Céladon : qui me retient la main ?
Fiers animaux, je vous réclame en vain ;