Adieu ; vous pourrez mieux vous éclaircir sans moi.
Scène IV
Hé quoi ! Seule en ces lieux, sans songer à la fête
Dont vous serez tout l'ornement !
C'est un triomphe qui s'apprête
Pour les dieux et pour vous, aux yeux de votre amant.
On n'entend en tous lieux que des chants d'allégresse ;
Bergères, bergers, tout s'empresse
De célébrer ce jour charmant.
Cependant vous rêvez : d'où vient cette tristesse ?
Berger, vous paraissez aujourd'hui bien paré
De cet ajustement quels yeux vous sauront gré ?
Les vôtres, ma déesse.
Il n'est rien en ces lieux
Qui ne s'efforce de vous plaire ;
Et c'est pour attirer vos regards précieux,
Que ces prés, que ces bois, et cette onde si claire,
Étalent ce qu'ils ont de plus délicieux
L'astre même qui nous éclaire
Ne se montre si beau que pour plaire à vos yeux.
Céladon, bannissez ces discours d'entre nous ;
Je sais qu'en votre cœur une autre est préférée,
Et vos vœux ne sont pas pour l'innocente Astrée.