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Quelle pilule !

HORTENSE

Hélas ! Ce temps ne dura guère,

Et ce ne fut pour nous qu'une fleur passagère.

De perdre ainsi ses pas notre bizarre outré,

Voyant l'an du trépas de mon père expire,

De son autorité pressa notre hyménée.

À refuser sa main, me voyant obstinée,

Il fit faire un cachot, où j'ai passé six mois,

Et j'en sors aujourd'hui pour la première fois.

Avec ces sentiments, et cette haine extrême,

Jugez-vous que je doive épouser Harpagême ?

HARPAGÊME

C'est mon avis. Timante est d'aimable entretien,

Il est vrai beau, bien fait ; d'accord, mais il n'a rien.

Harpagême est jaloux ; j'y consens : il est chiche

De ces tons doucereux ; oui, mais il est très riche.

Pour en ménage avoir du bon temps, de beaux jours,

Croyez-moi, la richesse est d'un puissant secours.

Le Cœur qui penche ailleurs, en sent quelque amertume ;

Mais parmi l'abondance à tout on s'accoutume.

Vaincre une passion funeste à son devoir,

C'est une bagatelle ; on n'a qu'à vouloir.

Par exemple, étouffez cette flamme imprudente,

N'envisagez jamais qu'avec horreur Timante ;

Oubliez tout de lui, même jusqu'à son nom.

Ca ma cousine, allons, promettez-le moi.

HORTENSE

Non.

HARPAGÊME

Comment ! Non ? Et pourquoi ?

HORTENSE

Je connais ma faiblesse ;

Je ne pourrais jamais vous tenir ma promesse.

HARPAGÊME