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t en nage.

Sans avoir joint ces deux espiègles ; enroué,

Fatigué, détestant de s'être vu joué,

Il en pensa crever de rage et de tristesse.

Comme je ne veux rien vous celez, je confesse

Que je livrerai mon âme à des secrets plaisir,

De voir que mon jaloux fût, malgré ses désirs,

La fable d'un rival, et la dupe...

HARPAGÊME

Ah ! Je crève...

À Hortense.

De répondre au billet vous n'eûtes point de trêve ?

HORTENSE

D'accord ; mais il fallait trouver l'invention

De le pouvoir donner.

HARPAGÊME

Vous la trouvâtes.

HORTENSE

Bon !

Harpagême y pourvut. Pressé par sa faiblesse,

Il voulut consulter une devineresse,

Pour voir s'il serait seul maître de mes appas.

Il me fit, un matin, accompagner ses pas.

À peine sortons-nous, que j'aperçois Timante.

Harpagême, à sa vue, aussitôt s'épouvante.

Nous observe de près, me tenant une main ;

Dans l'autre était ma lettre. Inquiète en chemin

Comment de la donner je pourrais faire en sorte ;

Un home qui fendait du bois devant sa porte,

À faire un joli tour me fit soudain penser.

Dans les bûches, exprès, je fus m'embarrasser ;

Je tombe, et, par l'effet d'une malice extrême,

J'entraîne avec moi rudement Harpagême.

Timante, à cette chute, accourt à mon secours.

Moi qui mettais mon soin à l'observer toujours,

Comme il m'offrait sa main pour soutenir la mienne,

Je coulai promptement mon billet dans la si