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Parmenon

Ton bon vouloir merite un ample grand-mercy :
Un jour nous t’en rendrons quelque digne salaire.

Gnaton

Tu le peux sans tarder. Mais n’as-tu point affaire ?

Parmenon

Pour toy, quand j’en aurois, je voudrois tout quiter.

Gnaton

De ce pas à Thaïs vien donc me presenter,
Sers moy d’Introducteur.

Parmenon

Sers moy d’Introducteur. Tu ris, mais il n’importe.
Entre seul, tu le peux.

Gnaton

Entre seul, tu le peux. Tien toy donc à la porte,
Et garde qu’on ne laisse entrer dans la maison
Quelque autre messager que celuy de Thrason ;
Je t’en donne l’avis, comme amy de ton maistre :
Et peut-estre qu’un jour il sçaura reconnoistre
De quelque bon repas ce conseil important.

Parmenon

Encor deux jours de vie, et je mourray content.

Gnaton

Il te faut bien un mois à la bonne mesure.

Parmenon

Non, non, je te rendray ces mots avec usure
Dans deux jours au plus tard.

Gnaton

Dans deux jours au plus tard. Nous le verrons. Adieu.

Parmenon

Mon galand est party, qu’ay-je affaire en ce lieu ?
J’avois dessein de voir cette sœur pretenduë,
Et je me trompe fort, ou c’est peine perduë