Je voudrais le louer avec autant de voix
Que le grand Briarée eut de bras autrefois.
De savourer vos vers mon esprit est avide.
Je les crois d’un savoir où le bon sens préside.
Ah ! Messieurs, vous parlez en amis de l’auteur.
Revêtus d’un esprit facile admirateur,
Vous chantez son triomphe, enflez sa renommée,
Avant qu’on ait encor la chandelle allumée.
Au fleurer, à l’odeur, on connaît le poisson.
Le bon terroir produit l’excellente moisson.
La beauté du ruisseau se juge par sa source.
La bonté du cheval se connaît à la course.
Trêve d’encens, messieurs, cessez de me louer :
Un auteur n’est que trop facile à s’engouer.
La pièce que j’expose à vos doctes génies,
Est un beau composé de ces rares saillies,
De ce bon goût nouveau, digne ouvrage du temps,
Où l’esprit prend partout le dessus du bon sens.
Fi ! Fi ! De ces auteurs enchaînés par les règles,
Qui, venant sur nos mœurs fondre comme des aigles,
Pensent, en beaux discours nous peignant la vertu,
Nous donner de l’horreur pour le vice abattu !
Il est vrai que jadis, respectant leurs ouvrages,