Page:La Fontaine - Œuvres complètes - Tome 4.djvu/259

Cette page n’a pas encore été corrigée

! Que d’éclat ! Que de bien !
Pour voir cet air chez nous en foule on va se rendre.

Ragotin


J’ai du majestueux, du fier, du doux, du tendre,
Du galant.

La rancune


Eh ! Morbleu ! Soyez comédien.
Près de vous désormais nous ne serons plus rien.
Ma joie à ce dessein est si peu retenue,
Que j’en vais boire à vous rasade, et tête nue.

Ragotin


Je vais jeter en sable à toi ce petit coup,
Avec rubis sur l’ongle, et la bravoure au bout.

La rancune


Quoi ! Vous savez aussi de ces galanteries ?

Ragotin


Entre nous, ce ne sont que des badineries.

La rancune


Comment ! C’est le bon goût ; c’est pour marcher de pair
Avec les grands acteurs. Grondez-vous point un air ?

Ragotin


Bon ! Est-il une voix que la mienne ne morgue ?
Je te l’aurais fait voir quand j’accompagnais l’orgue,
Si notre sérénade et nos musiciens
N’avaient été troublés par quinze ou seize chiens
Qui suivaient à l’envi, marchant de compagnie,
Une chienne coquette et de mauvaise vie,
Qui, pour le bien public, désirait travailler
À croître son espèce et la multiplier.
Comme on voit rarement, quand l’amour les assemble,