Scène 4
Ah ! combien l’amour change un homme en peu de temps !
Devant que le hazard eust offert à sa veuë
Les fatales beautez dont Thaïs est pourveuë,
Cet Amant n’avoit rien qui ne fust accomply ;
De loüables desirs son cœur estoit remply ;
Il ne prenoit de soin que pour la republique,
Et mesme le ménage, où trop tard on s’applique,
De ses plus jeunes ans n’estoit point negligé.
Aujourd’huy qu’une femme à ses loix l’a rangé,
Ce n’est qu’oisiveté, que crainte, que foiblesse ;
Le nombre des amis, la grandeur, la noblesse,
Et tant d’autres degrez pour un jour parvenir
Au rang que ses ayeuls[1] ont jadis sceu tenir,
Sont des noms odieux dont cette ame abatuë
A tousjours craint de voir sa flâme combatuë ;
Et quelque bon dessein qu’en fin il ait formé,
Il ne sçauroit quitter ce logis trop aymé.
Ne s’en revient-il pas me changer de langage ?
Scène 5
Parmenon
Sans mentir, c’est à vous d’entreprendre un voyage,
Quoy ! desja de retour ! Vous sçavez vous haster.
Phœdrie
Pour te dire le vray, j’ay peine à la quitter.
- ↑ Œuvres diverses de 1729 : ayeux.