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Scène VI

Philis, jeune muse, et Daphnis, poète lyrique, entrent sur la scène, accompagnés d’une musique de flûtes, de hautbois, et de musettes, et chantent ce dialogue de pastorale.

L’AMOUR, qui descend sur le char de sa mère.

Sèche tes pleurs, elle est déesse. [845]

Viens l’épouser : mes traits se sont assez vengés ;

Ces mouvements de haine en amour sont changés.

APOLLON.

Puis-je t’ajouter foi ? m’as-tu fait cette grâce ?

Viens l’éprouver.

APOLLON.

Allons, et que sur le Parnasse

On célèbre des jeux à l’honneur de Daphné. [850]

Que le vainqueur y soit de laurier couronné.

Bel arbre, adieu. je quitte à regret cette place,

Et veux qu’à l’avenir on ceigne de lauriers

Le front de mes sujets et celui des guerriers.

Apollon monte dans le char où est l’Amour, et tous deux retournant au ciel. Le théâtre change aussitôt. Le Parnasse se découvre au fond. Quelques Mimes sont assises en divers endroits de sa croupe, et quelques poètes à leurs pieds. Sur le sommet, le palais du dieu se fait voir. Les deux côtés du théâtre sont deux galeries qui ressemblent à celles où on étale des raretés les jours de jète et les jours de foire. Là sont les archives du Destin. L’architecture est ornée de feuilles de laurier. Sous chaque portique est un buste ; il y en a neuf de conquérants et autant dé poètes ; les conquérants d’un côté, les poètes de l’autre. Les conquérants sont Cyrus, Alexandre, etc. ; et les poètes sont Homère, Anacréon, Pindare, Virgile, Horace, Ovide, l’Arioste, le Tasse, et Malherbe. Apollon a voulu que l’avenir fût montré en faveur de cette fête.