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DAPHNE}}.

Vos tourments ont pour moi quelque chose de doux, [730]

Il est vrai ; mais cessez.

LEUCIPPE.

Hélas ! Cesser de vivre

Est le seul remède à mon mal.

Voilà le parti qu’il faut suivre ;

Mais avec moi je veux perdre aussi mon rival.

Vous ne me serez pas impunément ravie : [735]

Non, Daphné. Vous pleurez ? Ah ! Princesse, je dois

Mourir pour vos yeux mille fois.

Avant qu’avoir Daphné, Tharsis aura ma vie.

Je ne puis voir tant de biens

En d’autres bras que les miens : [740]

Que mon rival me les cède,

Et renonce à votre amour,

Ou qu’il m’ôte aussi le jour

Si l’on veut qu’il vous possède.

DAPHNE.

Leucippe, si je vous perds, [745]

Il faut que dans nos déserts

La solitude me donne

Un sort plus calme et plus doux ;

Et ne pouvant être à vous, je ne veux être à personne.


Scène V

Apollon descend sur un trône de lumière. Cette pompe est jointe à une musique douce. Il est entouré des Heures, qui chantent ces mots.

LES HEURES

Daphné, portez vos yeux [750]

Sur le plus beau des dieux.