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près d’eux.

À peine a-t-il encor fait passer la princesse

Des appas de l’enfance à ceux de la jeunesse :

Deux soleils ont à peine éclairé son printemps.

PENEE.

Combien de cœurs depuis ce temps [280]

Ont en vain soupiré pour elle !

Ah ! si Tharsis pouvait la rendre moins cruelle !

SPERCHEE

Consultez la Sibylle Ismèle :

Les dieux peut-être par sa voix

Obligeront Daphné de suivre votre choix [285]

PENEE.

Hélas ! Jamais Daphné n’aimera que les bois.

AMPHRISE.

Ces plaisirs passeront : tout passe dans la vie ;

De différents désirs elle est entre-suivie ;

On y change d’humeur, on y change d’envie ;

On y veut goûter de tout. [290]

Le plus libre enfin se lie ;

Tôt ou tard on s’y résout.

apidame.

Il faut peu pour changer ces âmes si sévères ;

L’exemple à ce doux nœud les amène toujours.

Des bergers chantant leurs amours, [295]

Dans les bras de l’hymen voir mener des bergères,

Et leurs folâtres jeux sur les vertes fougères,

Apprivoisent les cœurs, qui, devenus plus doux,

S’accoutument aux mots d’amour, d’amant, d’époux ;

Des mots on en vient au mystère. [300]

PENEE.

J’approuve vos raisons ; et Daphné, pour me plaire,

Doit faire en mon palais les honneurs de ce jour.

On y va célébrer l’hymen du jeune Amphrise

Il s’engage avec que