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[150]

Ma mère alors me querelle.

«  Petite fille, dit-elle,

N’écoutez point les amants.

Ils sont indiscrets, volages,

Téméraires, et peu sages ; [155]

Ils font mille faux serments :

Ils sont jaloux, ils sont traîtres,

Et tyrans quand ils sont maîtres,

N’écoutez point les amants. »

Ecoutez ma chansonnette, [160]

Et l’écho qui la répète,

Et ces rossignols charmants :

Leur musique est sans pareille ;

Mais ne prêtez point l’oreille

Au ramage des amants. [165]

DAPHNE.

Méroé, poursuivez nos divertissements.

MERŒ.

J’ai vu le temps qu’une jeune fillette

Pouvait, sans peur, aller au bois seulette.

Maintenant, maintenant les bergers sont loups :

Je vous dis, je vous dis : « Filles, gardez-vous. » [170]


Scène III