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Climene.

C’est perdre doublement ; je le rendrois trop court.


Acante.

Mais, Madame, voyons.


Climene.

Mais, Madame, voyons. Mais, Acante, vous dis-je.
L’amitié seulement à ces faveurs m’oblige.


Acante.

Et bien ! je consens d’estre amy pour un moment.


Climene.

Sous la peau de l’amy, je craindrois que l’Amant
Ne demeurast caché pendant tout le mystere.
L’heure sonne, il est tard ; n’avez-vous point affaire ?


Acante.

Non ; et quand j’en aurois, ces momens sont trop doux.


Climene.

Je me veux habiller ; adieu, retirez-vous.


Apollon.

Vous finissez bien-tost !


Melpomene.

Vous finissez bien-tost ! Point trop pour des Pucelles.
Ces discours leurs sieent mal, et vous vous moquez d’elles.


Apollon.

Moy, me moquer ! pourquoy ? J’en ouïs l’autre jour
Deux de quinze ans parler plus sçavamment d’Amour.
Ce que sur vos Amans je trouverois à dire
C’est qu’ils pleuroient tantost, et vous les faites rire.
De l’air dont ils se sont tout-à-l’heure expliquez,
Ce ne sçauroient estre eux, s’ils ne se sont masquez.


Melpomene.

Vous vouliez du plaisant, comment eust-on pû faire ?