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LETTRES. 395 PuissiezLvous pousser la vie plus loin qu-n’a.fait Monsieur Waler. ’ D(ue plus long-temps ,6tre Muse agreable onne an public ses Ouvrages galants Que tout chez vous puisse itre Conte et Fable, Hors le secret de vivre heureux cent arts


LETTRE XXXI[1]
RÉPONSE DE MONSIEUR DE LA FONTAINE
À Monsieur de Saint-Evremont.

Ni vos leçons, ni celles des neufs Sœurs,
N’ont su charmer la douleur qui m’accable :
Je souffre un mal qui résiste aux douceurs,
Et ne saurois rien penser d’agréable.
Tout rhumatisme, invention du diable,
Rend impotent et de corps et d’esprit ;
Il m’a fallu, pour forger cet écrit,
Aller dormir sur la tombe d’Orphée ;
Mais je dors moins que ne fait un proscrit,
Moi, dont l’Orphée étoit le dieu Morphée.
Si me faut-il répondre à vos beaux vers,
À votre prose, et galante et polie.
Deux déités par leurs charmes divers,
Ont d’agréments votre lettre remplie :
Si celle-ci n’est autant accomplie,
Nul ne s’en doit étonner à mon sens ;
Le mal me tient, Hortense vous amuse.
Cette déesse, outre tous vos talents,
Vous est encore une dixième Muse :
Les neuf m’ont dit adieu jusqu’au printemps.

  1. Publiée pour la première fois dans les Œuvres posthumes, page 106.