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Se rompt, se précipite au travers des rochers,
Et fait comme alambics distiller les planchers[1].


IX[2]


LES AMOURS DE MARS ET DE VÉNUS


Gélaste montre à Acante une tapisserie, ou sont représentées les Amours de Mars et de Vénus, et lui parle ainsi :


Vous devez avoir lu qu’autrefois le dieu Mars,
Blessé par Cupidon d’une flèche dorée,
Après avoir dompté les plus fermes remparts,
_____Mit le camp devant Cytherée.
Le siège ne fut pas de fort longue durée :
_____A peine Mars se présenta,
_____Que la belle parlementa.

Dans les formes pourtant il entreprit l’affaire :
_____Par tous moyens tâcha de plaire :
De son ajustement prit d’abord un grand soin.
_____Considérez-le en ce coin,
_____Qui quitte sa mine fière.
Il se fait attacher son plus riche harnois.
__Quand ce serait pour des jours de tournois,
On ne le verrait pas vêtu d’autre manière.
L’éclat de ses habits fait honte à l’œil du jour.
Sans cela, fit-on mordre aux Géants la poussière,
Il est bien malaisé de rien faire en amour.

  1. Ces trois derniers vers se retrouvent dans Psyché p. 24) ; celui qui les précède y est un peu différent.
  2. Fragment publié pour la première fois dans les Contes et nouvelles en vers. Paris Barbin 1665 in-12.