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procher de l’antre de plus de vingt pas. L’horrible concierge de ce Palais en occupoit la plumart du temps l’entre. I1 avoit l’adrsse de couler s cueui ent. re des brossailles, en sorte qu’elle ne Darolssoit point ; jouis ; aussi-tost que quek/ue animal’venoit l passer, Iust-ce un cerf, un cheval, un bceuf, te Monstre a tamenoir en plusieurs retours, et en entortilloit les iambes de l’animal avec taut de soudainet et de force qu’il le faisoit trbucher, se iettoit dessus, puis s’en repaissoit. Peu de voyageurs s’y trouvoient sur ris l’enaroit estoit plus connu et plus diffami ue lvoisinage de Sylle et Charibde. Lots que Psiché alla à cette fontaine, le Monstre se r{jo/iissoit au Soleil qui tantost doroit ses écaillesj tantost les faisoit parolstre, de cent couleurs.

Psiché, qui s{ ; avoit quelle distan,c..e il faloit laisser entre luv et elle (car il ne pouvoit s {tendre fort loin. le Sort l"ayant attach avec des chaisnes de diamant) ; Psich{, dis-je, ne s’effraya pas beaucoup ; elle estoit accoustume voir des dragons. Elle cacha le mleux ]ui luy fut possible sa cruch et commenqa melo9ieusement ce reck :

Dragon, gentil dragon, a la gorge beante,
Je suis messagere des Dieux.
Ils re’out envove en ce lieu
T’annoncer qu bientost une jeune serpente,
Et qui change au Soleil de couleu comme toy
Viendra partager ton employ.
Tu te dois ennuyer aire cette ee,
Amour t’enoyra compagnie.
Dragon, gentil d)agon, que te diray-je encor
Qui te chatouille et qui te plaise ?
Ton dos reluit comme fin or :
Tes yeux sontfiambans comme braise.
Tu te pu rajeunir sans dlpotiller ta peau ’
_Q ? elle felici ? d’aoir chez toy cette eau I
5 tu veux t enrichir, permets que l’on y puise ;