Dragons. Cela luy plfit fort : elle cr(lt qu’Amour luy epargnoit res frayeurs par un’ privilege particulief ; tourna’vers l’endroit oh elle et sa sceur avoient coustume de se l)resenter ; et, pour estre enlevde plus aisdment par le Zephire, elle sd planta sur un roc qui commandoit aux abysmes de res lieux là.
Amour, dit-elle, me voila venüe : nostre étourdie de cadete m’a asseurde que tu me youlois alpouser. Je n’attendols autre chose, et me’doutois bien que tu la repudierois pour I’amour de moy, car c’est une dcervelde. Regarde comme ie te suis des-ia obeissante. 3e ne feray pas comme a. fait ma sceur Psichd. Elle a voulu d route force te volt ; moyie veux tout ce.que l’on veut : monstre-toy, ne te montre pas, ie me uen.dray tLds heureuse. Si tu. me caresses, tu verras comme le sas y rdpondre : s tune me caresses as, mon ddfunct mary m’y a tout accoustumde. Je te leray r ! re de son regime, et i e t’en diray mille choses divertlssantes : tune t’ennuyras point avec moy. Ma sceur Psiché n’estoit qu’un enfant qui ne seavolt rien ; moy je’suis un esprit fait. O Dieux ! je sens des-ia une douce haleine. C’est celle de ton serviteur Zephire. Q9e ne l’as-tu envoy luy-mesme ? il m’auroit plus tost enleve ; j’en serois plustost entre res bras, et tu en serois plfitost entre les miens : e pretends que tu trouves la ’chose dgale ; et, puis qud tu as de ? amour, tu dois avoir aussi de l’impatience. Adieu, miserables mortelles que les hornroes ayment : vous voudriez bien estre aymdes comme moy d’un Dieu qui n’eust point de poll au menton : ce n’est pas your vous ; qu’il vous suffise de m’invoquer, et je podrvoiray vos necessltez amoureuses.
Disant ces paroles, elle s’abandonna dans les airs à son ordinaire ; et, au lieu d’estre enlevée dans le palais de l’Amour, elle tomba premierement sur une pointe de rocher, et puis sur une autre, de roc en roc ; chacun d’eux emporta sa piéce : ils se la renvoyoient les uns aux autres comme un joüet, de ma-
