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8 Oncle (1) et de ses Ancestres sur ce Theatre où ils ont paru avec tant d’éclat, et qui retentira long-temps de leur Nom, et de leurs, exploits. Je me figure l’heritier de tous ces Heros cherchant les perils dans le mesme temps que je jouïs d’une oisiveté que les seules Muses interrompent. Certes c’est un bon-heur extraordinaire pour moy, qu’un Prince qui a tant de passion pour la guerre, tellement ennemi du repos et de la mollesse me voye d’un œil aussi favorable, et me donne autant de marques de bien-veillance que si j’avois exposé ma vie pour son service. J’avouë, MADAME, que je suis sensible à ces choses, heureux que SA MAJESTÉ m’ayt donné un Maistre qu’on ne sçauroit trop aymer, malheureux de luy estre si inutile. J’ay cru que VOSTRE ALTESSE seroit bien-aise que ]e la fisse entrer en société de loüanges avec un Epoux qui lu est si cher. L’union vous rend vos avantages communs, et en multiplie la gloire, pour ainsi dire. Pendant que Vous écoutez avecque transport le recit de ses belles actions, il n'a pas moins de ravissement d’entendre ce que toute la France publie de la beauté de vostre ame, de la vivacité de vostre esprit, de vostre humeur bien-faisante, de l’amitié que vous avez contractée avecque les Graces ; elle est telle, qu’on ne croit pas que vous puissiez jamais vous separer. Ce n’est là qu’une partie des loüanges que l’on Vous donne. Je voudrois avoir un amas de paroles assez precieuses pour achever cet Eloge, et pour Vous témoigner, plus que je n'ay fait jusqu’icy, avec combien de passion et de zele je suis, MADAME, DE VOSTRE ALTESSE Le très-humble et tres-obeïssant serviteur, DE LA FONTAINE.

duc de Bouillon accompagnoit le roi la conqu&e de la Franche-comté.

 1. Turenne