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DEUXIESME PARTIE




I. — LE FAISEUR D’OREILLES
ET LE RACCOMMODEUR DE MOULES.


Conte tiré des Cent Nouvelles Nouvelles[1]
et d’un Conte de Bocace[2].


Sire Guillaume, allant en marchandise,
Laissa sa femme enceinte de six mois ;
Simple, jeunette, et d’assez bonne guise,
Nommée Alix, du païs Champenois.
Compere André l’alloit voir quelquefois :
A quel dessein, besoin n’est de le dire,
Et Dieu le sçait : c’estoit un maistre sire ;
Il ne tendoit guere en vain ses filets ;
Ce n’estoit pas autrement sa coustume.
Sage eût esté l’oiseau qui de ses rets
Se fust sauvé sans laisser quelque plume.
Alix estoit fort neuve sur ce point.

  1. Nouvelle III.
  2. Decameron, giornata VIII, novella VIII.